Ruines
- Aline Ramirez
- 23 avr.
- 2 min de lecture
Je rêve de m’asseoir face au Lac Pontchartrain.
Je veux écrire un livre.
Je veux me dissoudre dans ce que j’écris et plus souvent encore dans ce que je lis.
Assise au fond de mon siège, à la deuxième rangée. Je suis au cinéma. Je
m’évanouis dans les images. Vingt-quatre par seconde.
Je veux m’évanouir dans le décor.
J’aime les longues descriptions, très longues descriptions. Je veux exactement
pouvoir me figurer ce qu’il en est.
Je voudrais assister à la vie des autres.
« Comment peut-on consentir à n’être pas tout ? ».
Je n’ai jamais lu Bataille.
J’ai retrouvé cette phrase dans un carnet. Je l’ai donc noté un jour.
Je ne consens pas à n’être pas tout.
Dans deux ans je quitterais l’Université.
Ça ne semble pas vrai.
Comment peut-on consentir à n’être pas tout ?
Presque tout m’aura échappé.
J’aurais été peu de choses.
Mettez ces phrases au futur, ça ne change rien.
Je n’aurais pas vécu une autre vie que la mienne.
Toutes les années qu’il me reste.
Faire des choix.
Annuler des possibilités.
Ruines omniprésentes.
Je me demande si dans tous les cas j’avais le choix.
Parfois je suffoque.
Vite, il y a urgence à faire le plus de choses possibles.
Je veux avoir vu la Grèce et l’Italie.
Je veux avoir écouté du jazz, à New York.
Je veux aller à un bal.
Je veux étudier la littérature.
Je veux en être, de la littérature.
Je veux faire la fête.
Je veux faire tous les métiers du monde.
Juste pour voir.
Je ne veux plus jamais travailler.
Je veux devenir un hermite.
Je veux faire un film.
De mes propres mains.
Je veux inventer tout un tas de trucs.
Même si ce n’est pas aimé.
Et tout ce que je n’aurais pas fait.
Reposera là.
C’est affreux.
Je veux visiter les ruines de Palmyre, et celles de Carthage.
Personne ne peut visiter les ruines des autres.
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